Le Rapport d’évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques publié par la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) en 2019, la cinquième édition des Perspectives mondiales de la biodiversité et de nombreux autres documents scientifiques prouvent amplement que, malgré les efforts en cours, la biodiversité se détériore dans le monde entier à un rythme jamais atteint dans l’histoire de l’humanité. Comme l’indique le rapport d’évaluation mondiale de l’IPBES :
Près de 25 % des espèces d’animaux et de plantes évalués sont menacées, ce qui signifie qu’environ un million d’espèces sont déjà menacées d’extinction, souvent en l’espace de quelques décennies, à moins que des mesures ne soient prises pour réduire l’intensité des facteurs de perte de biodiversité. Si aucune mesure n’est prise, on assistera à une nouvelle accélération du taux mondial d’extinction des espèces, qui est déjà au moins dix à cent fois plus élevé que la moyenne des dix derniers millions d’années.
Bien que le Cadre d’action stipule que les facteurs directs de changement dans la nature ayant le plus grand impact mondial sont (en commençant parceux qui ont le plus d’impact) les changements dans l’utilisation des terres et des mers,l’exploitation directe des organismes, le changement climatique, la pollution et l’invasion d’espèces exotiques, nous pensons que l’égoïsme et l’égocentrisme de ce que l’on appelle l’homme moderne est unfacteur majeur. Au cours des dernières décennies, nous avons assisté à une croissance de l’individualisme qui s’est manifesté par une poignée de puissants, pillant et gaspillant la Terre Mère comme s’il n’y avait pas de lendemain et comme si ce monde leur appartenait. Le cadre reconnaît les rôles et les contributions importants des peuples autochtones et des communautés locales en tant que gardiens de la biodiversité et partenaires dans la conservation, la restauration et l’utilisation durable. Sa mise en œuvre doit garantir que les droits, les connaissances, y compris les connaissances traditionnelles associées à la biodiversité, les innovations, les visions du monde, les valeurs et les pratiques des peuples autochtones et des communautés locales sont respectés, documentés, préservés avec leur consentement légitime, préalable et informé, notamment par leur participation pleine et effective à la prise de décision, conformément à la législation nationale pertinente, aux instruments internationaux, notamment la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, et aux droits de l’homme. À ce propos, rien dans ce cadre ne peut être interprété comme une diminution ou une extinction des droits que les peuples autochtones ont actuellement ou pourraient acquérir à l’avenir. Cependant, nous avons vu au cours des dernières décennies que les modèles actuels de production et de consommation du Nord global nous ont amené des crises telles que les crises climatiques et la
crise de la perte de biodiversité, avec des conséquences horribles sur la vie de ceux qui vivent dans les tropiques du Sud global, mais rien dans l’action du Nord global ne montre une quelconque intention de changer et d’avoir de l’empathie pour ces communautés et ces peuples.
Reconnaître les rôles et les contributions de ces personnes en prenant des mesures proportionnelles pour améliorer leurs vies sera toujours une insulte pour eux. Il faut donc réconcilier l’homme avec l’homme pour que la réconciliation de l’homme avec la terre mère soit effective !
*Augustine B NJAMNSHI est le Secrétaire exécutif, programme de développement et de conservation des bioressources, Président, affaires techniques et politiques, alliance panafricaine pour la justice.