L’homme d’affaires et figure politique influente, autrefois soutien affiché du désormais président-candidat Brice Clotaire Oligui Nguema, est en cavale depuis qu’il a été visé par de graves accusations de « viol », « inceste », « séquestration » et « atteinte à la sûreté de l’État ». Ces poursuites ont débuté peu après son appel retentissant à voter « non » lors du référendum de novembre dernier. À l’époque, Opiangah dénonçait une nouvelle constitution qui, selon lui, concentrerait tous les pouvoirs entre les mains du futur chef de l’État.
Aujourd’hui, plusieurs scénarios sont sur la table quant à la position qu’adoptera Hervé Patrick Opiangah. Va-t-il opter pour un boycott pur et simple du scrutin, fragilisant davantage la légitimité du futur président ? Va-t-il surprendre en appelant à voter pour son ancien allié, Brice Clotaire Oligui Nguema, dans l’espoir d’une réconciliation qui lui permettrait un retour au pays en toute sécurité ? Ou, au contraire, va-t-il saisir l’opportunité de se venger en invitant ses troupes à se rallier au principal challenger d’Oligui Nguema, Alain-Claude Bilie-By-Nze ?
Ce dernier scénario semble le plus plausible, compte tenu des récents développements. En mars dernier, Alain-Claude Bilie-By-Nze n’a pas hésité à prendre publiquement la défense d’Hervé Patrick Opiangah. « Il a été démontré que les charges qui avaient été fabriquées contre lui n’ont aucun fondement juridique », avait déclaré le candidat face à la presse, appelant même à la libération et au retour d’Opiangah au Gabon. Cette prise de position claire pourrait bien sceller une alliance de circonstance entre les deux hommes.
Il est important de rappeler qu’Hervé Patrick Opiangah a toujours clamé son innocence, tout comme son parti, l’UDIS. En « exil forcé » depuis quatre mois, il a même déposé une requête devant la Commission africaine des droits de l’Homme pour dénoncer les « violentes attaques » de l’État à son encontre. Dans ce contexte, il apparaît logique qu’il cherche à affaiblir celui qu’il considère comme responsable de ses malheurs.
La décision d’Hervé Patrick Opiangah, quelle qu’elle soit, sera scrutée de près par l’ensemble de la classe politique et de la population. Son influence sur une partie non négligeable de l’électorat pourrait s’avérer déterminante dans une élection où la victoire pourrait se jouer à quelques voix près. Alors que le scrutin approche à grands pas, le silence d’Hervé Patrick Opiangah ne fait qu’ajouter au suspense qui entoure cette présidentielle cruciale pour l’avenir du Gabon. La question demeure : l’homme en cavale deviendra-t-il, malgré lui, un faiseur de roi ? La réponse pourrait arriver très prochainement.