De putschiste à président de la transition, le locataire du Palais Rénovation est désormais candidat à la présidentielle post-transition. Le général Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition depuis le coup d’État du 30 août 2023, a officiellement annoncé sa candidature à l’élection présidentielle prévue le 12 avril 2025. Cette déclaration a été faite lors d’un rassemblement à la Cité de la Démocratie à Libreville, en présence de nombreux partisans, alors qu’il célébrait son cinquantième anniversaire.
Dans son discours, Oligui Nguema a exprimé sa volonté de poursuivre les réformes entreprises durant sa présidence transitoire, visant à bâtir un Gabon plus fort, plus juste et plus uni. Il a notamment mis en avant les réalisations des 18 derniers mois, telles que le désenclavement de la capitale, la relance de chantiers essentiels, la création d’une compagnie aérienne nationale, l’établissement d’une banque de l’entrepreneuriat, ainsi que l’initiative “Un Gabonais, un taxi”. Ces actions ont pour objectif de moderniser le pays et de répondre aux aspirations des Gabonais.
« Si en 18 mois nous avons réalisé tout cela, que pouvons-nous faire en 7 ans ? », s’est-il interrogé. Alors que, depuis des mois, des personnalités politiques, la société civile et des associations organisaient des marches appelant le tombeur d’Ali Bongo à se présenter, ses partisans sont désormais fixés sur son avenir politique : « Après mûre réflexion et en réponse à vos nombreux appels, j’ai décidé d’être candidat à l’élection présidentielle du 12 avril 2025 », a-t-il déclaré.
Du côté de ses adversaires politiques, l’ambiance est différente. L’opposition reproche à Oligui Nguema de ne pas avoir honoré son engagement de restaurer les institutions civiles, d’organiser des élections libres et transparentes, et de transmettre le pouvoir au civil. Certains estiment que les réformes entreprises renforcent davantage les pouvoirs de l’exécutif, au détriment d’une réelle transition démocratique. De plus, des critiques portent sur le fait que sa candidature viole la charte de la transition qui interdit aux ministres de se présenter candidats. Problème : dans le premier gouvernement du Premier ministre Raymond Ndong Sima, Oligui Nguema était à la fois ministre de la Défense et titulaire du portefeuille de l’Intérieur. De même, ses détracteurs l’accusent de ne pas respecter les principes de l’Union africaine interdisant aux auteurs de coups d’État de se présenter à des élections organisées sous leur propre transition. Un compatriote, Jacques Janvier Rop’s Okoué Edou, qui a également annoncé sa candidature à la présidentielle, a déposé le 24 février une requête auprès du président de la Commission de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, visant à invalider la candidature d’Oligui Nguema.
Il est important de noter que la nouvelle constitution adoptée en novembre 2024 par référendum ne prohibe pas la candidature d’Oligui Nguema. Cette révision constitutionnelle a introduit des modifications significatives, notamment la limitation du mandat présidentiel à sept ans, renouvelable une fois, et des critères d’éligibilité plus stricts. Ces changements ont été perçus comme une étape vers un retour à un régime présidentiel avec des limites de mandats, tout en ouvrant la voie à la candidature du président de la transition.
Le samedi 2 mars, Pierre Claver Maganga Moussavou, ancien vice-président de la République, Albert Ondo Ossa, ancien candidat à la présidentielle de 2023, Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre, et Ali Akbar Onanga Y’Obegue, ancien ministre, réunis au sein de l’Initiative pour des Élections Post-Transition Pacifiques, Démocratiques, Inclusives, Libres et Transparentes, ont dénoncé un processus électoral biaisé et illégal, tout en appelant à un report du scrutin, et ont promis de déposer un recours auprès de la Cour constitutionnelle de transition pour obtenir un report de la présidentielle.
La veille de son annonce, Oligui Nguema a multiplié les rencontres, notamment en rassemblant les forces de défense et de sécurité au stade de l’Amitié pour les appeler à l’unité et au professionnalisme à l’approche de la présidentielle samedi dernier. Dimanche, il a échangé avec la communauté universitaire et a pris part aux temps de prière organisés par les confessions religieuses au Palais des sports de Libreville. Le lundi suivant, il a procédé à l’inauguration du Centre de compétences Professionnelles Entrepreuneuriales Zita Oligui Nguema à l’Université Omar Bongo et assisté à une messe à l’église Saint-Pierre.