Face aux journalistes, Akbar a déclaré que leur démarche consistait à “prendre acte d’une situation de fait”, à savoir l’annonce de la victoire d’Oligui Nguema par le ministère de l’Intérieur. Il a toutefois tenu à préciser que cette prise d’acte ne signifiait en aucun cas une approbation du processus électoral qu’ils qualifient de “biaisé” et des résultats qu’ils estiment également “biaisés”. “Prendre acte ne signifie pas que nous sommes d’accord avec la façon dont les choses sont passées”, a-t-il insisté. “Il ne s’agit donc pas de tourner la page. Nous allons nous mettre en face de ce pouvoir.” “Nous vivons au Gabon et la situation de fait aujourd’hui c’est que le ministère a organisé une élection et il a annoncé des résultats. Voilà le fait dont nous prenons acte.”
L’ancien ministre a clairement indiqué que le PDG “ne compte pas tourner la page” sur cette situation et qu’il se positionnera en “face de ce pouvoir” qui va s’installer. “Nous sommes convaincus que son offre n’est pas adaptée aux réalités du peuple gabonais aujourd’hui, aux attentes”, a affirmé Akbar, annonçant la formulation d’une “offre alternative” le moment venu. “Nous ne nous tairons pas s’il y a des dérives.” “Notre position politique ne change pas.”
Le PDG “légaliste” entend jouer un rôle d’opposition vigilante. “Nous ne nous tairons pas s’il y a des dérives”, a averti Akbar, tout en se montrant ouvert à reconnaître les éventuelles actions positives du nouveau pouvoir. “S’il y a des choses qui sont bien faites, on verra. Pourquoi pas ? On appréciera le moment venu et nous pourrons dire qu’elles sont bien faites. Mais si elles sont mal faites, nous dirons qu’elles sont également mal faites.” “Par cohérence et logique républicaine (…) Nous nous mettons en dehors de leur gestion.”
Akbar a catégoriquement exclu toute adhésion à des regroupements visant à soutenir le président Oligui Nguema, insistant sur une question de “cohérence”. “Vous, là où vous êtes, vous ne pouvez pas du jour au lendemain devenir l’ami de celui qui vous a chassé de votre maison. Forcément, vous allez devenir son adversaire”, a-t-il expliqué, rappelant que le PDG a été “chassé du pouvoir”.
De son côté, Me Françis Nkea Ndzigue a soulevé des questions juridiques concernant le processus électoral. Il a notamment pointé du doigt les deux annonces successives des résultats par le ministère de l’Intérieur, ce qui, selon lui, est “interdit par la loi”. “Ce n’est pas encore le moment de tourner la page.” “Le ministère a annoncé deux fois. Ce qui est interdit par la loi…” “Vous avez le 13, première annonce. Le 18, deuxième annonce. (…) Vous voyez déjà que ça pose problème.” Il a rappelé que la loi électorale stipule que l’annonce de l’élection constitue le point de départ du délai de recours et que la proclamation définitive des résultats revient à la Cour constitutionnelle. “Ce n’est pas l’annonce des résultats par le ministre de l’Intérieur. C’est la proclamation. C’est ce que dit la constitution”, a-t-il martelé.
Me Nkea Ndzigue a estimé qu’il n’était “pas encore le moment de tourner la page” et qu'”il faut attendre que le processus aille jusqu’au bout pour pouvoir réagir politiquement et juridiquement.” “Si on doit tourner la page, on doit quand même attendre que les choses se passent correctement.” Il a également noté que certains pays avaient fait preuve de prudence en attendant la décision de la Cour constitutionnelle avant de féliciter le vainqueur. “La félicitation, elle se fait après la décision de la Cour constitutionnelle, la décision définitive.”
Concernant l’avenir du PDG, Akbar a affirmé que le parti ne dépendait pas des individus et qu’il continuait d’exister en se fondant sur les décisions de son dernier congrès légal de décembre 2022. Il a précisé que l’aile “légaliste” du parti, dont ils sont les porte-paroles, entendait maintenir sa visibilité et ses mots d’ordre auprès de ses militants et des Gabonais. “Nous représentons simplement ce qui assure aujourd’hui la promotion ou en tout cas l’existence, la visibilité de ce parti.”
En réponse à une question sur l’attitude de certains membres du PDG qui pourraient rejoindre le camp du président Oligui Nguema,. Akbar a utilisé des termes forts tels que “trahison”, “opportunisme”, “déloyauté” et “infidélité”. “Personne dans ce pays ne nous empêchera de parler au nom du Parti Démocratique Gabonais, auquel nous avons adhéré librement et pour lequel nous n’avons pas démissionné.” “Trahison ou opportunisme ? Trahison et opportunisme. Plus déloyauté, plus infidélité.”
La conférence de presse d’Akbar et de Me Nkea Ndzigue marque une prise de position claire de l’aile dite “légaliste” du Parti Démocratique Gabonais face à la victoire de Brice Clotaire Oligui Nguema. Entre la prise d’acte pragmatique de la situation et la dénonciation ferme d’un processus électoral jugé irrégulier, les deux anciens ministres ont esquissé les contours d’une opposition déterminée.