Le Gabon fait face à un contexte de hausse des taux d’intérêt internationaux, rendant le refinancement de sa dette sur les marchés extérieurs particulièrement coûteux. Ce rachat anticipé, annoncé par le chef de l’État, le président de la Transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema le 21 octobre 2024, repose sur des ressources domestiques et vise à restaurer la confiance des investisseurs.
Selon Ntoutoume Ayi, cette opération stratégique répondait à une priorité : réduire les risques financiers pesant sur la signature souveraine du Gabon. « Il nous a paru judicieux de rembourser cette échéance avant terme afin de nous éviter un refinancement de cet eurobond par un autre, qui à cause du contexte actuel, nous reviendrait extrêmement couteux car les taux d’intérêt avoisineraient les deux chiffres », a-t-il souligné. En rachetant 290 millions de dollars entre le 7 et le 14 novembre 2024, le Gabon a démontré sa capacité à anticiper et à gérer ses engagements financiers, attirant une participation massive de plus de 260 investisseurs internationaux.
Un allègement de la dette extérieure
L’eurobond gabonais, d’un montant initial de 700 millions de dollars, avait déjà été partiellement remboursé à hauteur de 100 millions en août 2023. À l’approche de son échéance en 2025, 600 millions restaient du. Ce rachat anticipé réduit donc considérablement le poids de la dette extérieure et diminue la dépendance aux marchés internationaux, limitant ainsi l’exposition aux fluctuations des taux de change.
Un exemple innovant pour les pays en développement
Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi a qualifié cette démarche d’« innovante », la première du genre pour un pays en développement. En sécurisant ses finances publiques, le Gabon entend stabiliser sa gestion budgétaire et ouvrir la voie à des négociations futures dans de meilleures conditions. Ce mouvement pourrait également améliorer sa notation de crédit, renforçant ainsi son attractivité auprès des investisseurs.
Une attention portée au secteur privé national
Ntoutoume Ayi a tenu à souligner que cette initiative ne s’est pas faite au détriment du secteur privé national. Les autorités gabonaises ont remboursé simultanément les dettes intérieures, en collaboration avec des banques locales telles qu’Ecobank et l’Union gabonaise de banque. Ces institutions ont travaillé main dans la main avec des partenaires internationaux pour garantir le succès de l’opération : « Le choix de cette stratégie est le fruit de la collaboration technique de deux administrations, la Direction Générale de la Comptabilité Publique et du Trésor et la Direction Générale de la Dette, avec deux banques locales, Ecobank et l’Union Gabonaise de Banque. Cette initiative a été immédiatement soutenue par le Ministre de l’Economie, le Ministre des Comptes Publics et le Chef de l’Etat. »
Un signal fort pour les marchés internationaux
Avec ce rachat, le Gabon envoie un signal positif aux investisseurs et aux institutions financières internationales. Cette stratégie ambitieuse, qui allie discipline budgétaire et innovation financière, pourrait redorer l’image du pays sur la scène internationale. En démontrant sa capacité à honorer ses engagements, le Gabon se positionne comme un acteur sérieux et fiable, capable d’attirer de nouveaux capitaux pour soutenir son développement économique.