Pour certains observateurs de la vie politique gabonaise, le pouvoir en place étrangle certaines institutions telles que la cour constitutionnelle, le centre gabonais des élections de manière à ce qu’il n’y ait malheureusement pas d’alternance en 2023.
Invité à l’émission « Droits et Libertés » du service international de diffusion de l’Allemagne, la « Deutsche Welle », Jean-Delors Biyogue, Docteur en sciences sociales et économiques, option sciences politiques, chercheur au Groupe d’étude politique et de défense de l’Institut de recherche en sciences humaines de l’Université Omar Bongo, a donné sans gan son point vue face à la problématique de l’alternance du pouvoir à l’issue de l’élection présidentielle.
Si pour le politologue, «Le monde entier a assisté, en 2016, à cette espèce de hold-up à ciel ouvert et aujourd’hui, personne n’a aucun élément qui permet de dire que les conditions d’organisation des élections au Gabon se sont améliorées, puis que d’élection en élection, on annonce des réformes, mais en général tout se joue le jour du vote » va-t-il rappeler afin de faire comprendre à la communauté nationale et internationale que les institutions en charge des questions électorales sont l’apanage du pouvoir.
« Le fait qu’il n’y ait pas eu jusqu’à présent de réforme en ce qui concerne la composition de la commission du Conseil gabonais des élections, cette réforme qui aurait donné plus de places à l’opposition et peut-être à la société civile pour garantir une certaine transparence ; on n’a pas vu la révision du code électoral qui nous permet de sécuriser davantage les conditions d’acheminement des résultats des urnes, qui sont souvent transformés et changés lors des transferts du lieu de vote à la centralisation. Ce qui ne permet pas de présager une amélioration du point de vue organisationnel et d’ailleurs la société civile est en train de monter au créneau pour exiger des réformes et conditions qui ouvrent la porte à une alternance » soutient Jean Delors Biyoghe.
A dix mois de l’organisation de l’importante consultation électorale, le politologue ne comprend pas les raisons du laxisme des autorités en charge des questions électorales, en tête desquelles le ministère de l’intérieur. Pourquoi la cour constitutionnelle n’a pas encore saisi le ministère de l’intérieur et le CGE afin que ces derniers commencent à toiletter le fichier électoral qui est davantage source de tension ?
Pour le politologue, le Gabon n’est pas encore prêt pour une alternance, le parti démocratique gabonais favorise cet état des choses.
« Aujourd’hui, nous sommes dans un flou politique, car aucun parti politique ne s’affirme pour qu’on puisse voir les tendances des rapports de forces. C’est une première au Gabon, où on vit une période préélectorale où tout est complètement mis à plat et tout est à reconstruire, aussi bien au niveau du parti au pouvoir, où règne une guerre intergénérationnelle que dans l’opposition qui se cherche une nouvelle façon d’exister » a conclu le chercheur gabonais.